Pendant que vous étiez en train de roupiller cette nuit, un document interne de Google a fuité sur la toile, dévoilant les inquiétudes de l’entreprise quant à sa position dans la bataille de l’intelligence artificielle.
Ce document, intitulé « We Have No Moat, And Neither Does OpenAI » que je traduirais par « On n’a pas beaucoup d’avance et OpenAI non plus« , soulève des questions intéressantes sur la concurrence entre Google, OpenAI et surtout tout ce pan de l’IA open source.
Dans ce document, on y apprend que révèle que Google et OpenAI ne sont pas très bien positionnés pour remporter la course à l’IA. La véritable menace vient évidemment de l’IA open source, qui est en train de résoudre des problèmes majeurs sur lesquels Google et OpenAI se cassent encore les dents.
Je vous donne un exemple. En avril de cette année, Berkeley a lancé Koala, un modèle de dialogue entièrement entraîné avec des données librement disponibles, qui rivalise sérieusement avec ChatGPT puisque les gens qui l’ont testé préfèrent discuter avec Koala qu’avec ChatGPT. Ces modèles open source sont plus rapides, plus personnalisables, plus respectueux de la vie privée et, dans l’ensemble, plus performants. La plupart peuvent tourner sur n’importe quel PC un peu puissant. De plus, ces modèles open source sont développés pour 3 fois rien en terme de budget, ce qui réduit d’autant plus l’avantage compétitif de Google et OpenAI.
Du coup, Google craint que les modèles open source ne rendent leurs propres modèles obsolètes. Les modèles open source sont déjà comparables en termes de qualité aux leurs, et l’écart technologique se réduit comme peau de chagrin. En mars dernier, un modèle de 13 milliards de paramètres (Vicuna) a atteint le même niveau que Bard, l’IA proprio de Google.
Google admet donc dans ce document, qu’ils n’ont pas de « secret sauce » et que leur meilleure option est d’apprendre rapidement à collaborer avec des acteurs extérieurs et à faire de l’open source. Ils craignent également que les restrictions imposées par leurs propres modèles ne dissuadent les clients de les utiliser, surtout si des alternatives gratuites et sans restrictions sont disponibles. Je vous confirme que si j’ai le choix entre 2 modèles équivalent et que l’un peut dire tous les gros mots qu’il veut, c’est lui que je choisis ^^.
Google envisage donc plusieurs actions pour se positionner correctement dans cette course à l’IA:
- Tout d’abord faire passer en priorité les intégrations tierces. C’est à dire se concentrer sur l’apprentissage et la collaboration avec les acteurs de l’IA open source, tels que LLaMA, lancé par Meta et en faciliter l’intégration avec leurs propres produits.
- Repenser la valeur ajoutée de leur IA. Google doit réfléchir à ce qui les différencie réellement de la concurrence et de tous ces projets open source et trouver un moyen d’offrir une vraie valeur ajoutée à leurs clients.
- Réduire la taille des modèles. Google reconnaît que les modèles gigantesques qu’eux ou OpenAI proposent, les ralentissent et qu’ils et devraient sérieusement envisager de bosser avec des modèles plus petits et plus faciles à itérer, comme ceux développés dans le cadre du projet llama.cpp qui utilise une quantification 4 bits pour exécuter LLaMA sur un CPU de MacBook
- Enfin, collaborer avec la communauté open source. Google devrait se positionner en tant que leader dans la communauté open source et coopérer avec les autres acteurs pour favoriser à la fois l’innovation et la croissance. Par exemple, ils pourraient rejoindre des initiatives telles que GPT4All qui rassemble différents modèles au sein d’un même projet.
Alors, évidemment, ce document interne qui a fuite révèle un changement potentiel dans la stratégie de Google face à la montée en puissance de l’IA open source.
La stratégie d’utiliser l’open source pour forcer l’adoption de leurs projet a souvent fonctionné (je pense à Chrome ou à Visual Studio), donc pourquoi pas. Si Google considère que l’open source a gagné, alors tant mieux pour nous (collectivement) mais attention à ce que le monde de l’open source ne se repose pas sur ses lauriers en confiant le bébé à Google comme ils l’ont fait par exemple avec le moteur de navigateur de Chrome… Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Si vous voulez consulter ce document, la source est ici.
0 Commentaires