DRM (Digital Rights Management) : Définition et exemples

Vous avez probablement l’habitude de vous sentir propriétaire des logiciels stockés sur votre ordinateur, votre téléphone et d’autres appareils, mais ce n’est pas toujours le cas.

Tout d’abord, vous n’êtes généralement pas propriétaire du logiciel que vous avez acheté. Vous avez simplement acheté le droit d’utiliser le logiciel conformément à un contrat de licence. Cela est rarement important lorsque vous utilisez des programmes Microsoft Office, mais de nombreux types de logiciels sont contrôlés par la gestion des droits numériques (DRM/GDM). Cela peut limiter votre capacité à utiliser le logiciel de manière importante.

En bref, le DRM est un moyen pour les éditeurs et les distributeurs de contrôler votre accès aux logiciels ou contenus multimédias.
Dans ce tutoriel, je vous explique ce que sont les DRM et tout ce qu’il faut savoir sur ces derniers.

DRM (Digital Rights Management) : Définition et exemples

Qu’est-ce qu’une protection DRM (Digital Rights Management)

Le DRM est une technologie permettant de contrôler ou d’empêcher le partage de copies numériques sur des réseaux informatiques ou des réseaux de télécommunications.
Les DRM sont le plus souvent appliqués à des fichiers tels que la musique, les livres électroniques, les vidéos et autres produits créatifs. Lorsque le logiciel DRM est intégré à ces fichiers, les entreprises qui les possèdent ou les distribuent peuvent limiter où et comment ils sont utilisés, lus, regardés ou lus.
En quelques mots, les DRM est une technologie de protection anti-piratage.

Les DRM peuvent :

Empêcher l’ouverture ou la lecture des fichiers
Empêcher l’édition ou la modification d’un fichier
Empêcher qu’un fichier soit copié ou déplacé de son emplacement de téléchargement initial
Vous empêcher de faire des captures d’écran
Permettre l’utilisation d’un fichier pendant une période déterminée, un certain nombre de fois, ou seulement pendant la durée d’un abonnement actif et payé

La gestion des Droits Numériques est couramment intégré dans certains types de fichiers, notamment :

Logiciels et jeux
Livres audio
Musique des services de streaming par abonnement
Films et vidéos
Fichiers de santé et de services financiers.

De ce fait, les logiciels comme les navigateurs internet, lecteur eBook, lecteur vidéo doivent être capable de lire les contenus protégés par des DRM.

Quelques exemples d’utilisations de DRM

Les DRM peuvent prendre la forme de numéro de série (Product keys) afin d’activer la licence numérique.
Mais il existe des systèmes beaucoup plus sophistiqués.

Les DRM dans les jeux ou logiciels

Les éditeurs de logiciels privateur peuvent utiliser la gestion des Droits Numériques pour limiter le nombre de fois où les utilisateurs peuvent installer un logiciel ou jeux, surveiller les activités des utilisateurs et empêcher la copie ou la transmission de fichiers protégés via des connexions réseau.
Dans le cas de certains programmes informatiques, le logiciel contacte périodiquement le fabricant du logiciel sur Internet afin de passer un contrôle de vérification ; s’il échoue le test ou ne peut pas se connecter, le programme peut devenir inutilisable.
Dans l’exemple le plus controversé d’une telle protection par gestion des droits numériques (GDN), des chercheurs en sécurité ont découvert en 2005 que Sony avait installé des rootkits sur des CD qui rendaient impossible la copie de la musique mais permettaient de signaler à Sony les habitudes des auditeurs. Après un tollé général et des poursuites judiciaires, Sony a rappelé certains des CD et a cessé d’installer des rootkits sur les futures versions.

Les jeux sont souvent protégés par des DRM pour rendre le “cracking” plus difficile. Dès que la protection détecte une modification des fichiers du jeu, ils bloquent son utilisation.
SEGA et Ubisoft utilisent ces type de DRM.

Enfin la plupart des plateformes de distributions de jeux comme Steam, Xbox utilisent des DRM.

Les solutions de DRM les plus courants sont StarForce, VMProtect ou Denuvo.

Dans les navigateurs internet (plateformes vidéos ou de musiques)

Avec l’essor des plateformes de streaming ou audio, les navigateurs internet ont dû intégrés les DRM.
La protection DRM est aussi très utilisée par les plateformes de streaming (Netflix, Disney, Primevideo, …) ou audio (Spotify, Amazon Music, …) et enfin par les plateformes de livres électronique.

Dans les navigateurs internet, W3C a produit la spécification Encrypted Media Extensions (EME) visant à fournir un canal de communication entre les navigateurs web et le logiciel Content Decryption Module (CDM) qui met en œuvre la gestion des droits numériques (DRM).
Généralement, la vidéo où l’audio est chiffrée à l’aide du protocole AES-128.
Lors du lancement de la vidéo, le lecteur vidéo contacte le serveur de licence DRM pour obtenir l’autorisation et les informations de déchiffrement.
Puis la clé publique lui est donnée afin de déchiffrer les morceaux de vidéos.

Les solutions de DRM les plus courants :

Fairplay – Apple – pris en charge dans Safari
Playready – Microsoft – pris en charge dans Edge
Widevine – Google – pris en charge de Encrypted Media Extensions (EME) dans Chrome, Firefox et Android et permet

Widevine est une solution DRM populaire fournie par Google.
Elle prend en charge le système d’exploitation Android, plusieurs SmartTV, navigateurs, etc. Elle prend également en charge le streaming MPEG-DASH, HLS, MSS ainsi que le CENC et le CMAF.
Lorsque ce dernier est corrompu, la lecture de contenus protégés avec du DRM est impossible : Résoudre les problèmes widevine sur Google Chrome

Dans les ebooks, livres audio et livres numériques

Les DRM sont aussi très présents dans les livres numériques.
Cela peut aider votre œuvre de plusieurs autres façons, notamment :

Contrôle de la distribution des ebooks – Téléchargement et mise en ligne des œuvres, accès aux ebooks, prêt des ebooks
Une fois que vous avez acheté l’ebook, il est lié à l’acheteur, avec peu d’options de partage.
Contrôle du nombre d’appareils sur lesquels vous pouvez télécharger l’ebook – la plupart des éditeurs autorisent un maximum de 6 appareils
La GDN restreint, de manière totale ou significative, la fonction copier-coller, de sorte que vous n’avez que peu ou pas de possibilités de transférer du texte

Voici les solutions les plus courantes :

ADEPT DRM d’Adobe – utilisé avec les EPUB (format de fichier ebook) et les PDF. Il est accessible via des lecteurs d’ebooks tiers et Adobe Digital Editions
DRM d’Amazon – Le chiffrement original de Mobipocket sous forme adaptée et appliqué à ses ebooks. Topaz utilise son propre système de chiffrement
DRM FairPlay d’Apple – Comme pour toute la technologie Apple, les articles téléchargés via son logiciel ne sont accessibles que sur des appareils Apple
Marlin DRM – Développé par la communauté de développeurs Marlin, une société fondée par Intertrust, Panasonic, Sony, Phillips et Samsung – utilisé par l’éditeur de manuels scolaires en ligne KNO, et accessible via les systèmes iOS ou Android

Les problèmes autour des DRM

Les DRM notamment dans les jeux et applications pour PC posent souvent des problèmes de fonctionnement.
Voici les problèmes les plus courants :

Le système DRM nécessite une connexion Internet active à tout moment
Ils peuvent rendre le logiciel, l’application ou le PC instable. Certains solutions de DRM installe un pilote qui peut rendre le système instable ou contenir des failles logiciels
Les logiciels DRM sont souvent considérés comme étant trop invasif
Certains DRM ont parfois causé des problèmes de performances dans les jeux
On ne sait pas exactement ce que font les DRM, quelles données sont échangées avec les serveurs. Les éditeurs gardent le secret sur le fonctionnement de la protection pour éviter qu’ils soient contournés
Lorsque le serveur de DRM est en panne, saturé ou rencontre un problème technique, l’utilisateur peut ne pas pouvoir exécuter le jeu ou l’application. Le 7 novembre 2021, les serveurs de Denuno ne fonctionnaient pas, les joueurs sur PC ont été confrontés à une erreur “server not reachable” lors du lancement de jeux comme Shadow of the Tomb Raider et Guardians of the Galaxy
Lorsque la plateforme de distribution disparaît, l’utilisateur peut ne plus accéder au contenu. Par exemple en juillet 2019, Microsoft a fermé son serveur DRM rendant des ebook illisibles (voir paragraphe suivant)

Il arrive régulièrement que certains gamers préfèrent installer la version crackée d’un jeu, qui fonctionne souvent mieux, mais aussi pour éviter d’installer ces logiciels jugés trop invasif.

Les critiques et oppositions aux DRM et mouvement DRM-free

L’efficacité de la gestion des droits numériques fait l’objet d’un vif débat, mais les auteurs, les éditeurs et les libraires y trouvent plusieurs avantages. La GDN signifie que votre œuvre est protégée contre la copie ou l’édition illégale – et si cela se produit, votre droit d’intenter une action est protégé. En outre, vous pouvez bénéficier de ce que l’on appelle une “facilité de prêt limitée”, qui vous permet de prêter des ebooks à un ami ou à un parent – dans la limite du raisonnable.

Dès leurs apparitions, les DRM ont été sujets à des critiques, polémiques et controverses.
Mais ils peuvent aussi d’un point de vue technique poser de nombreux problèmes les rendant souvent impopulaires.
Les mouvements libres et Open Source ont très vite critiqués ces pratiques car ils sont à contre courant de leurs philosophies.
Richard Stallman affirme que l’utilisation du mot “droits” est trompeuse et suggère que le mot “restrictions”, comme dans “Digital Restrictions Management”, le remplace.

Il y a quinze ans, l’auteur et activiste Cory Doctorow a prononcé un discours chez Microsoft soulignant les dangers des DRM et prédisant qu’ils seraient de plus en plus utilisés non pas pour construire ou protéger de meilleurs produits, mais pour enfermer les utilisateurs dans l’écosystème commercial d’une entreprise, érodant le choix et la flexibilité.

De plus, les jeux et applications protégés existent souvent, au final, en version crackée.
De ce fait les solutions sont plus contraignantes qu’efficaces.
Un des problèmes qui se posent, est que l’utilisateur qui achète légalement un jeu ou logiciel, subit les désagréments liés aux comportements d’autres utilisateurs.

Pour résumer, ils sont souvent jugés inefficaces, offrant aucune valeur ajouté et même allant jusqu’à dégrader l’expérience utilisateur.
De nombreux éditeurs et artistes étiquettent leurs œuvres “sans DRM ou DRM-Free”.
Les principales entreprises qui l’ont fait sont Apple, Comixology, GOG.com, Tor Books et Vimeo on Demand.